Je ne fais rien. Putain, deux mois que je ne fais absolument rien. Je m'ennuie. Et l'autre à qui on donne de l'importance. Elle va avoir tous les lauriers. A coup sûr. Je veux jouer. J'en ai assez. Assez de venir. Assez de regarder les autres faire. Pendant une heure et demie. Je les vois se mouvoir sur scène. Je les vois jouer. Mais je vois quelqu'un d'autre. Une petite fille sage. Assise sur son siège rouge. Tout au fond de la salle. Dans les dernières rangées. Je la vois. Elle dessine sur son petit cahier. Elle écrit aussi. La tête baissée. Recroquevillée sur elle-même. Comme pour se protéger du monde. Ou plutôt pour cacher quelque chose. Quoi? Ses larmes. De grosses perles salées qui roulent sur ses joues. Des joues couvertes de tâches de rousseur. Des joues rosies, irritées par ses manches qu'elle frotte pour cacher sa peine. Elle est là à pleurer en silence. Elle renifle. J'ai envie de lui proposer un mouchoir. Mais je n'en ai pas. Je la regarde. C'est gênant de voir la peine de quelqu'un sans que la personne ne le sache. La tête entre les jambes. Elle pleure. De grosses larmes qui s'écrasent sur les lamelles du parquet. Elle renifle encore. Les autres rient. Mais elle a mis de la musique dans ses oreilles. Pour ne pas les entendre. Elle doit avoir le cœur gros pour pleurer autant. Elle écoute la même chanson. En boucle. Je ferme les yeux. Je n'entends plus qu'elle. Sa peine. Sa tristesse. Ses larmes. Le bruit que tout ça fait dans mon cœur.
Je m'approche. Y regarde de plus près. Elle relève soudainement la tête. Et là. Je n'en reviens pas. Je reste stupéfaite. La bouche ouverte. Presque effrayée. Je plonge mon regard dans le sien. Un regard qui en dit long. Un regard qui dit tout. Ses deux yeux je les connais. Deux yeux verts. Et ambre aussi. Différents l'un de l'autre. Des yeux dans lesquels je me noie. Des yeux dans lesquels je me vois.
Je m'approche. Y regarde de plus près. Elle relève soudainement la tête. Et là. Je n'en reviens pas. Je reste stupéfaite. La bouche ouverte. Presque effrayée. Je plonge mon regard dans le sien. Un regard qui en dit long. Un regard qui dit tout. Ses deux yeux je les connais. Deux yeux verts. Et ambre aussi. Différents l'un de l'autre. Des yeux dans lesquels je me noie. Des yeux dans lesquels je me vois.
Je me sens mal à l'aise. Je la connais. Je le sais maintenant. Je sais qui elle est. Elle est moi.