Le grand méchant Loup c'est moi.

Par où commencer? Comment te dire encore ce que tu sais déjà sans pour autant utiliser les mêmes mots, les mêmes phrases, les mêmes tournures. Peut-être te l'ai-je trop répéter? Je pense qu'il est temps à présent de cesser tous ces mensonges, ces faux-semblants et ces façades.

Tout est trop lisse, trop calme pour l'être réellement. Finalement, on s'y plie. L'hypocrisie, devient maîtresse. Il s'agit là plus de se protéger du monde extérieur, de préserver l'once d'humanité qu'il existe encore. J'en suis à me demander si tu n'est pas l'essence même de la fourberie. L'incarnation du mot machiavélique. J'exagère?

Je me recroqueville, tête sur les genoux, mains sur la nuque. Mon dos est tiré et écrasé par le poids de cette histoire. Tendu par les souvenirs, les bons, les moins bons, les merveilleux. Ce sont probablement ceux qui pèsent le plus. J'ai beau vouloir, je ne peux pas t'oublier. Je voudrais ne jamais t'avoir connue. Je voudrais t'oublier pour toujours. Te voir disparaître. Pour de bon cette fois-ci.

Quoi te dire sinon que je me sens vide. Comme si, tous vous m'aviez volé mon être profond. Comme si je n'étais plus qu'une coque vide. J'ai l'impression que ma propre histoire m'a été volée et seulement parce qu'elle m'échappe. Je la regarde qui défile. Je m'y vois faire et dire des choses. Mais je ne me vois jamais dire la vérité. Bizarrement, je crois que j'en suis arrivée à un point où je me mens à moi-même. Je me persuade être l'entière fautive et me laisse espérer qu'en proférant de plates excuses, en courbant bien l'échine et en fermant yeux et oreilles, je verrai revenir ce qui m'a glissé entre les doigts, ce que j'ai laissé partir sans même un seul instant essayer de retenir.

Ceci est brouillon, ceci n'est qu'un brouillon, un simple mais noueux brouillon de mots qui envahissent ma tête nuit et jour. D'images qui fourmillent par dizaines dans ma mémoire. De rêves inachevées qui resteront en cet état parce que tout est fini. Ce ci est un brouillon des sentiments que tu as fait naître en moi. Tout est confus, mêlé, remué, confondu. Je ne sais plus vraiment où je suis dans ce capharnaüm. Je suis perdu au milieu de ces griffonnages de mots tendres et de mots dures, de mots acides et amers et de mots de miel. Je multiplie les oxymores, je juxtapose amour et haine. Il ne tiendrait pourtant qu'à moi de placer entre les deux, ce doux et résonnant mot: trahison. Il est beau. Il est comme un lame. Acéré et tranchant sur le départ puis glissant et chuintant sur la fin. Comme un homme à qui on aurait retiré la vie de manière brutale, violente et inopinée.

Dimanche 25 juillet 2010 à 17:22

J'étais presque bien. J'avais le sourire. Je riais. J'étais presque bien. Je faisais en sorte de ne pas trop y penser. Je "relativisais".  Je me faisais à l'idée. Puis ça passait. J'étais presque bien. Je ne pleurais pas. Je me concentrais seulement sur mes examens. Je m'inquiétais d'ailleurs de ne pas plus être peinée de la tournure qu'avait pris les choses. J'étais presque bien. Je n'avais envie de rien. Ni manger, ni boire, ni fumer. Juste me laisser porter. Me laisser porter par le rythme du temps qui s'écoule doucement. Je ne voulais pas reprendre goût à quoi que ce soit. Je ne voulais pas aller trop vite. Pour le moment, j'étais presque bien. Je "relativisais". Je me disais qu'il y avait pire ailleurs. Que je n'étais pas la plus mal lotie. J'étais presque bien. Juste, toujours, ce petit vide. Mais ça ne changeait pas vraiment. J'étais presque bien. Comme inchangées, les habitudes.

A force de me formater de la sorte, j'ai fini par assimiler le tout comme une vérité aquise et incontestable. J'ai continué à faire de la place. A laisser ce vide s'installer. Faire son petit nid. Et, au final, je dois avouer que ça m'arrangeais plutôt. Je me sentais presque bien. J'avais désormais, un cœur de pierre, brut, du marbre, noir et glacial.

Puis une grosse larme, ronde, vrai, pur. Elle est tombée sans même m'être montée aux yeux. Comme si elle avait été trop lourde, comme si elle n'en pouvait plus de vivre avec les autres. Elle a préféré aller se jeter en bas, contre l'anguleuse paroi de ma taie d'oreiller en coton. Un suicide lacrymale. Des larmes qui n'en peuvent plus d'être retenues et cachées. Qui ne veulent plus que je me mente à moi-même au fond.

Samedi 19 juin 2010 à 0:42

J'ai seulement envie de te prendre dans mes bras et de pleurer. De déchaîner les torrents de larmes que je garde en moi depuis trop longtemps. Je voudrais me répandre en larmes sur ton épaule et te raconter ce que tu sais déjà, ce que tu devines. Te dire qu'au fond, tout n'est pas si facile et que je n'ai plus envie de rien. Même plus de me perdre dans le vert de ses yeux. 

Pour me soulager, il me faudrait tout t'avouer, dans le moindre détail. Te décrire ce qu'il se passe dans ma tête, dans mon cœur et dans mon corps. Tu comprendrais. Tu comprends toujours. Tu est probablement la seule personne à pouvoir comprendre. Seulement parce que nous partageons certaines émotions.

Comment t'expliquer que plus rien ne me fait de bien hormis ta présence? Toi, tu ne me forces pas, tu prends soin de moi mais en douceur, sans me brusquer, parce que tu as compris que je me braque dès l'instant où je me sens contrainte. Je ne veux de la compassion de personne et je n'ai pas eu besoin de te le dire. Tu sais. 

Tu apportes du soleil et de la couleur à l'aube grise de mon existence. Tu teintes la pâleur de mon sourire et lui donne de jolis reflets de sincérité et de bonheur pur. Je me raccroche à ce que j'ai. Et quand je regarde autour de moi, il n'y a plus que ton visage qui ne s'efface pas encore.
Ne prends pas ma peine, cela ne nous mènerait nul part. Je sais que je peux compter sur toi et sur ta présence.

Donne-moi du rêve encore, lance-moi des sacs entiers de joie, sème tes sourires partout sur la friche aride de mon corps, tu verras, un jour, mon cœur te souriras en pleine face. Mais pour le moment, laisse-moi soigner mes blessures, je sais que j'y arriverai, mais seulement si tu restes près de moi, à me tenir la main.
 

Mercredi 16 juin 2010 à 18:36

Lilly,
Au fond tu savais que les choses allaient prendre cette allure. Tu ne peux pas le nier, cela te tournait en tête depuis quelques temps déjà. Un effondrement? D'une certaine manière seulement. Vous serez ensemble quelques temps encore, deux mois, trois peut-être mais dans le meilleur des cas, pour toi s'entend, vous serez peut-être encore un an ensemble. Pleurer sur ton sort ne fera pas plus avancer les choses. Puis ce n'est qu'en ayant les idées claires que tu pourras cogiter sereinement. Si tu arrêtes de pleurer, tu pourras réfléchir au meilleur moyen de le voir bien qu'il soit loin, au meilleurs mots à lui dire pour entretenir sa confiance et son amour. Il peut bien paraître distant, les circonstances ne lui prêtent pas le temps de t'écrire des mots doux, des mots d'amour. Il est probablement trop préoccupé pour voir tes petits malheurs et les inepties de tes jours. Mais j'en suis sûre, il pense à toi. Au détour d'un je t'aime qu'il te lance entre deux portes. Il a l'esprit tellement pris par ses soucis qu'il ne doit probablement vouloir qu'une seule chose, que tout ça s'arrête. Pour enfin souffler. N'avoir plus tout en même temps à gérer. Comprends-le. Un examen c'est fatiguant et stressant, mais en plus il doit penser à son avenir avec toi ou peut-être sans, il doit supporter tes reproches et tes réactions disproportionnées, il doit également trouver du temps à t'accorder et au milieu de ça il n'a même plus une seconde à lui. Rien ne sert d'être si exigeante. Tu n'auras pas plus d'attention qu'il n'est en capacité de te donner. Tu as beau faire partie de son univers, tu n'es pas le centre du monde. Tu t 'accroches de plus  en plus. Ça lui fait peur, ça lui fait mal à lui aussi. Il ne dit rien, reste muet. C'est peut-être aussi pour t'épargner. Toi si fragile. Il sait que tu es déjà frêle et que supporter tout ta peine t'es déjà suffisant. Mais, lui, pense à lui, il supporte la tienne de peine aussi. Mais il reste muet. Parce que le moindre mot pourrait t'achever. Il préfère prendre ta colère en pleine face plutôt que de te laisser entrevoir sa douleur. Et tout simplement il te préserve. Il essaie de minimiser les choses afin que tu puisses éventuellement passer à autre chose, que tu tourne ta page. Par autre chose, s'entend, un autre, quelqu'un qui ne sera pas lui. Lui, il se met au second plan pour toi, parce que son bonheur à lui, il s'en tape. Il veut seulement le tien. Au fond qu'est-ce que ça peut faire qu'il souffre si toi tu es heureuse? Rien. 
C'est peut-être dur de t'exprimer, de lui avouer tout ce qu'il représente pour toi. Mais si tu le fais, ça lui donnera une réelle idée de tes sentiments. Là, il  pourra prendre une décision moins hasardeuse. Celle qui vous fera le moins souffrir, j'espère. Il aura toutes les clés en mains. Puis il te connait. Il sait appréhender tes réactions. Il sait que tu l'aimes. La seule chose qu'il ignore probablement, c'est l'importance du rôle qu'il joue dans la pièce de théâtre de ta vie. Laisse-le, pour une fois, entrevoir le fond de tes pensées, ton bout de viande rabougri qui te sert de cœur. Parce que, ta tête, il la connaît. Tu la laisses bien assez grande ouverte pour qu'il y voit tout, même ce que tu lui cache. Il le sent que ça ne va pas. À lui tu ne peux pas mentir. Tes faux-semblants, il les voit, il les sent, il les décèle et il te démasque. T'es mise à nue. Au propre comme au figuré. Lui il sait quels chemins emprunter pour t'arriver droit au cœur. La glace et la pierre dans ta poitrine, tes masques et ta coquille, avec lui,  il ne serve à rien. Tu peux les jeter. De toute manière, un sourire et toute tes défenses s'effondrent! Puis ce sourire il s'en sert d'arme contre ton désir. Il l'attaque, l'assaillit et en devient victorieux en quelques instants. Il est attirant. Il est irrésistible. Il est doux. Il est tendre. Il est conciliant. Il est calme. Il est patient. Mais plus que tout, il est amoureux. N'abandonne pas, pas sans te battre. Ou alors son envie de rester s'évanouira.
Il a vu et sentit tout ce que cette discussion t'a fait. Il ne compte pas te laisser en proie à ton désarroi. Il va te soutenir, t'aider à te relever. Certes le coup a été dur, mais au fond, cela ne peut que vous servir et vous permettre d'aller plus loin encore.
Les fins heureuses, les contes de fées, il ne sont pas fait pour les gens qui ont déjà tout, les princes et les princesses, les rois et les reines... Tout cela ils n'y ont pas droit. Mais toi, toi, tu peux y avoir droit, seulement si tu t'en donne les moyens.
Tu l'aimes. Lui aussi, il t'aime.

Dimanche 16 mai 2010 à 20:39

Lilly,
J'ai vu ton corps s'affaisser. Tombant lourdement au sol. Inanimé. Depuis quelque temps déjà, je te sens ailleurs bien que tu sois présente. Un peu comme un fantôme; tu hantes les lieux où tu te trouves. Tu n'y es plus vraiment. C'est comme si ton enveloppe charnelle s'était dissociée de l'essence qui te compose, de ton âme, ton esprit. Tu erres plus que tu ne vis, n'étant plus que l'ombre de toi-même. Tu traînes ton cadavre comme une preuve de ton malêtre, comme la dénonciation de notre manque d'attention à ton égard. Mais, Lilly, tu dois savoir que je te vois, je te connais, je sais que tu vas mal. Je ne saurais pas dire quelle en est la cause. Mais je veux t'aider. S'il te plait réveille-toi. Écoute-moi jusqu'au bout. Je n'ai pas fini. Ta respiration rauque et sifflante me vrille les oreilles. Je t'en supplie, regarde moi. Tu as eu mal. Une blessure de plus dans ton cœur déjà lacéré. Mais une autre, peu de temps après, a embellie cette première plaie. Ces déchirures, l'une sur l'autre, elles créent une béance qui t'engloutit, qui te ronge et te laisse pour morte. Et je suffoque en te voyant dépérir de la sorte. Je te vois, là, marchant ou plutôt chancelant, à demi vivante. Allant droit à une mort certaine. J'en crève de te voir dans cet état. Pourquoi? Pour quoi? Pour qui? Souffre-douleur. Voilà ce que tu as été. Et maintenant tu t'en es rendue malade. Malade à en mourir. Ton corps frêle me fait horreur. Il me rappelle mon impuissance. La seule lueur que j'ai vu briller dans tes yeux était malsaine, perverse. Tes grands yeux magnifiques, avilis par cette rancune et ce désir de vengeance que ton cœur, trop bon, t'interdit d'accomplir. Et tu te laisses consumer par cette antinomie qui t'habite.
Lilly, pourquoi abandonnes-tu? Pourquoi ne veux-tu plus te battre? Reste avec moi, encore un peu, je t'en supplie. Ton agonie me transperce. Si la mort venait à te prendre elle devrait me prendre moi aussi. Je ne veux pas te laisser seule. J'ai beau être impuissante face à ta douleur, je reste attachée à toi. Si tu m'aimes, sauve-moi. Sauve-toi. Bat-toi. N'abandonne pas. Sors la tête de l'eau, tu te noies toi-même dans ton désarroi. Tu t'étouffes avec ta peine. Réveille-toi. Reviens à la vie. Et cesse de regarder avec entêtement, ce point fixe derrière moi, comme si je n'existais pas. Couvre-toi plus, nous ne sommes pas encore en été après tout. Ta peau est glacée. Plus le temps passe et plus tu prends des aires de famille avec les macchabées. Ne pleure pas, s'il te plaie. Ou plutôt, ne pleure plus. Viens contre moi, viens coller ta dépouille contre ma poitrine, installe ta tête sur mon épaule. N'es-tu pas mieux déjà? Je ne te quitterai plus. Je resterai avec toi. C'est la seule chose que je puisse faire. Et te laisser seule, dans  la forteresse de ta tête serait une erreur. Ne parle pas, économise tes forces. Je te ramène chez toi. Je m'occuperai de toi.
Tu verras. Quand tu iras mieux, nous irons en Inde.
Il y a encore des personnes qui t'aiment.

Dimanche 16 mai 2010 à 8:55

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