Le grand méchant Loup c'est moi.

Lilly,
J'ai vu ton corps s'affaisser. Tombant lourdement au sol. Inanimé. Depuis quelque temps déjà, je te sens ailleurs bien que tu sois présente. Un peu comme un fantôme; tu hantes les lieux où tu te trouves. Tu n'y es plus vraiment. C'est comme si ton enveloppe charnelle s'était dissociée de l'essence qui te compose, de ton âme, ton esprit. Tu erres plus que tu ne vis, n'étant plus que l'ombre de toi-même. Tu traînes ton cadavre comme une preuve de ton malêtre, comme la dénonciation de notre manque d'attention à ton égard. Mais, Lilly, tu dois savoir que je te vois, je te connais, je sais que tu vas mal. Je ne saurais pas dire quelle en est la cause. Mais je veux t'aider. S'il te plait réveille-toi. Écoute-moi jusqu'au bout. Je n'ai pas fini. Ta respiration rauque et sifflante me vrille les oreilles. Je t'en supplie, regarde moi. Tu as eu mal. Une blessure de plus dans ton cœur déjà lacéré. Mais une autre, peu de temps après, a embellie cette première plaie. Ces déchirures, l'une sur l'autre, elles créent une béance qui t'engloutit, qui te ronge et te laisse pour morte. Et je suffoque en te voyant dépérir de la sorte. Je te vois, là, marchant ou plutôt chancelant, à demi vivante. Allant droit à une mort certaine. J'en crève de te voir dans cet état. Pourquoi? Pour quoi? Pour qui? Souffre-douleur. Voilà ce que tu as été. Et maintenant tu t'en es rendue malade. Malade à en mourir. Ton corps frêle me fait horreur. Il me rappelle mon impuissance. La seule lueur que j'ai vu briller dans tes yeux était malsaine, perverse. Tes grands yeux magnifiques, avilis par cette rancune et ce désir de vengeance que ton cœur, trop bon, t'interdit d'accomplir. Et tu te laisses consumer par cette antinomie qui t'habite.
Lilly, pourquoi abandonnes-tu? Pourquoi ne veux-tu plus te battre? Reste avec moi, encore un peu, je t'en supplie. Ton agonie me transperce. Si la mort venait à te prendre elle devrait me prendre moi aussi. Je ne veux pas te laisser seule. J'ai beau être impuissante face à ta douleur, je reste attachée à toi. Si tu m'aimes, sauve-moi. Sauve-toi. Bat-toi. N'abandonne pas. Sors la tête de l'eau, tu te noies toi-même dans ton désarroi. Tu t'étouffes avec ta peine. Réveille-toi. Reviens à la vie. Et cesse de regarder avec entêtement, ce point fixe derrière moi, comme si je n'existais pas. Couvre-toi plus, nous ne sommes pas encore en été après tout. Ta peau est glacée. Plus le temps passe et plus tu prends des aires de famille avec les macchabées. Ne pleure pas, s'il te plaie. Ou plutôt, ne pleure plus. Viens contre moi, viens coller ta dépouille contre ma poitrine, installe ta tête sur mon épaule. N'es-tu pas mieux déjà? Je ne te quitterai plus. Je resterai avec toi. C'est la seule chose que je puisse faire. Et te laisser seule, dans  la forteresse de ta tête serait une erreur. Ne parle pas, économise tes forces. Je te ramène chez toi. Je m'occuperai de toi.
Tu verras. Quand tu iras mieux, nous irons en Inde.
Il y a encore des personnes qui t'aiment.

Dimanche 16 mai 2010 à 8:55

Commentaires et bêtises

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Par Un-sourire-suffit le Dimanche 16 mai 2010 à 18:28
Lily... Cette chanson est belle. Tragique, non?
 

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