Le grand méchant Loup c'est moi.

Je retrouve Mathilde à la gare. Nous achetons nos billets. Lara est arrivé. Train de 11h04 en partance de Longueville. Destination Paris. Mon casque doit être resté à la maison, je ne le retrouve pas dans mon sac. Je redeviens fille pendant le trajet. Je ris bêtement, m'offusque du comportement de certain, parle de vêtements. Mais l'exercice n'est pas ma tasse de thé. J'abandonne vite. Il y a des fois où je préfère vraiment m'enfermer dans mon mutisme. Arrivée du train en gare de l'Est, je suis comme une gosse. Toute excitée. Limite si je ne trépigne pas sur place. Direction la Vilette. Métro ligne 5, la ligne orange. Nous descendons Porte Pantin. La grande halle une fois le repas terminé. Prép'art à l'air bien, vraiment. Il faudra que je me renseigne plus.
Après s'être tant renseignés pour notre avenir, il est temps de se détendre. François téléphone. "Vous comptez prendre quel train?" Je réponds le 17h45, Adèle a déjà repoussé l'heure à laquelle elle aurait du prendre son train, on ne peut pas plus. "Okay, bah j'essayerai d'être avec vous pour le retour, ça serait sympa de rentrer avec vous." Si tu veux. Nous allons donc aux Halles. Un brin de lèche vitrine ne tue pas. Mais il y a vraiment beaucoup de monde. Trop. C'est étouffant, il fait très chaud. Un détour par le Marais. Quartier sympathique. Je ne connaissais pas. Trois chocolats chauds, un café, une crêpe beurre-sucre et une crêpe au Nutella. Le tout pour la modique somme de 20,60€. Ouais, Paris c'est cher. Mais ce n'est pas grave. Nous retournons alors vers la gare de l'Est. Nous entrons dans le métro qui est, c'est quasiment le cas de le dire, plein à craquer. Je déteste les heures de pointe. Nous montons dans le train... François m'appelle: "-Tu es où dans le train? -Attends je sors sur le  quai si tu veux. -Ouais d'accord." Échange bref mais concis. Je le vois arriver. Il a coupé ses cheveux. Je retourne dans le train, il me suit. Il s'installe. S'excuse de ne pas être venu plus tôt. Mais ça n'est pas grave. Il me parle musique. Je ne comprends pas vraiment et le lui dis clairement. Il m'explique. Heureux comme un gosse. Il fait chaud dans le train. J'ai les joues roses. Nous discutons orientation. Non je ne suis pas folle de vouloir faire une prépa'. Il me laisse entrevoir. Ce que pourrait être ma vie à Paris. Ou plutôt ce que sera ma vie à Paris. Il parle de lui, de ses travaux, de sa musique, de son groupe. Des silences ponctuent parfois la conversation. Je ne suis pas très à l'aise pour parler. Mais il parle quand même. Dieu bénisse les bavards. Je suis épuisée, cette chaleur n'améliore rien. J'arrive à la maison, je suis sur un nuage.

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Je me suis trouvée jolie avec mes cheveux bien lissés, mon manteau vert, mes petites derbies, ma tunique aux couleurs pastels et le foulard de Lara. Maquillée correctement. Je portais mon parfum préféré. J'étais bien. Dans mon élément. Dans ma ville.

Dimanche 10 janvier 2010 à 20:53

En marge. Une idée probablement. Mais une idée agaçante. Une autre idée, plutôt consternante celle-ci. 4 mois. 4 mois entiers. Que c'est long! Je comprends qu'on en vienne vite au manque. Mais on ne peut pas forcer les choses. Encore moins voir si cela manque à d'autres aussi. On se contente de se que l'on a. D.I.Y.!

Je ne sais pas à quoi tout cela rime. Peut-être mon besoin d'indépendance qui suinte à travers tout ça. En tout cas, j'attends.


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Lucifère je te vends mon corps. Tant pis, je joue avec le feu. Je n'ai pas peur de me brûler.

Dimanche 10 janvier 2010 à 0:19

Et j'attends Samedi comme jamais. Comme si ma vie en dépendait. Je me sens si mal que je ne vois pas ce qui pourrait me faire plus de bien qu'une virée à Paris. Avec des gens que j'aime vraiment beaucoup. J'ai hâte vraiment. 

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Paris, je t'aime.

Jeudi 7 janvier 2010 à 22:22

Je ne fais rien. Putain, deux mois que je ne fais absolument rien. Je m'ennuie. Et l'autre à qui on donne de l'importance. Elle va avoir tous les lauriers. A coup sûr. Je veux jouer. J'en ai assez. Assez de venir. Assez de regarder les autres faire. Pendant une heure et demie. Je les vois  se mouvoir sur scène. Je les vois jouer. Mais je vois quelqu'un d'autre. Une petite fille sage. Assise sur son siège rouge. Tout au fond de la salle. Dans les dernières rangées. Je la vois. Elle dessine sur son petit cahier. Elle écrit aussi. La tête baissée. Recroquevillée sur elle-même. Comme pour se protéger du monde. Ou plutôt pour cacher quelque chose. Quoi? Ses larmes. De grosses perles salées qui roulent sur ses joues. Des joues couvertes de tâches de rousseur. Des joues rosies, irritées par ses manches qu'elle frotte pour cacher sa peine. Elle est là à pleurer en silence. Elle renifle. J'ai envie de lui proposer un mouchoir. Mais je n'en ai pas. Je la regarde. C'est gênant de voir la peine de quelqu'un sans que la personne ne le sache. La tête entre les jambes. Elle pleure. De grosses larmes qui s'écrasent sur les lamelles du parquet. Elle renifle encore. Les autres rient. Mais elle a mis de la musique dans ses oreilles. Pour ne pas les entendre. Elle doit avoir le cœur gros pour pleurer autant. Elle écoute la même chanson. En boucle. Je ferme les yeux. Je n'entends plus qu'elle. Sa peine. Sa tristesse. Ses larmes. Le bruit que tout ça fait dans mon cœur.
Je m'approche. Y regarde de plus près. Elle relève soudainement la tête. Et là. Je n'en reviens pas. Je reste stupéfaite. La bouche ouverte. Presque effrayée. Je plonge mon regard dans le sien. Un regard qui en dit long. Un regard qui dit tout. Ses deux yeux je les connais. Deux yeux verts. Et ambre aussi. Différents l'un de l'autre. Des yeux dans lesquels je me noie. Des yeux dans lesquels je me vois.
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Je me sens mal à l'aise. Je la connais. Je le sais maintenant. Je sais qui elle est. Elle est moi.

Mercredi 6 janvier 2010 à 13:02

Ce n'est pas ce que je voulais. Vous non plus je suppose. Mais pour commencer l'année. Un article. Pas des moindre. Ma rage montre le bout de son nez. Dans mes larmes. Je suis pitoyable pour m'exprimer que ce soit pour te dire je t'aime ou pour dire combien j'ai mal. Mais j'essaie. Cela ne coûte rien d'essayer. Qui ne tente rien n'a rien. Il y en a tout un tas de ce genre. Avec des "rien" on donne de l'espoir. Moi aussi j'espère. J'espère de tout les lambeaux de mon cœur. Et je Crie. Je hurle de toutes mes forces. Intérieurement. A tel point que j'en tremble. C'est atroce cette douleur lancinante dans la poitrine. C'est chaud. Ça coule. Ça dégouline. Dans tous les sens. Ça pisse le sang. L'abcès qui enfle. Encore. Encore. Et encore. Mais jamais ne se perce. Ça me donne envie de vomir. Toute cette bonne humeur. Celle que j'avais hier. Du tout au tout. Maintenant je suis maussade. Dégoutée. Amère. Et plus rien ne peux me faire plus de peine. Hier j'étais affligée de les voir si triste ou blasé par leurs vacances, leur innocence envolée, leur chemin qui ne semble mener nul part. Mais tous se sont heurtés à leur soudaine cécité. Perdus dans l'obscurité. Les Enfants-Peuple. Ils se dirigent à tâtons. Ils cherchent. Leur route. Leur vue. Ils ne voient pas qu'il suffirait que leurs doitgs s'entremêlent, que leur mains se prennent pour qu'il retrouvent la vue. Aveugles et idiots. Egoïste aussi, porbablement. Et je m'ouvre les veines. Saignée à blanc. Comme la mère de Jean-Baptiste Poquelin. Il a tant souffert d'elle, qu'il a trouvé la force d'écrire. De jouer. Aussi. Surtout. Surtout jouer. Mais moi? A quoi suis-je bonne? J'hurlerai ma peine moi aussi. Sur la scène. Je la jouerai. Je la chanterai. Je la danserai. Je la jonglerai. Je la mimerai. Je l'aimerai. Je la détesterai. Tout. Je ferai tout d'Elle. Pour Elle. Avec Elle. Contre Elle. En somme, je l'exprimerai.

Les mères. Elles nous mettent au monde. Sans un seul instant se douter qu'on va en baver. Et souvent, c'est un peu leur grain de sel qu'Elles ajoutent à tout ça. Elles nous aiment. Certaines trop. D'autres pas assez. Et Elles nous entravent ou nous bousculent sur le chemin que nous empreintons. Engageant celui de la débauche ou celui de la raison pieuse. On les aime. On les déteste. Là ou absentes. On pensent à elle. On a même parfois honte de penser à Elles de certaines manières. On les hait parce qu'Elles nous ont abandonnés. Mais on les aime parce qu'elles sont parties trop vite. Dans tous les cas, on ne peux renier l'ADN mitocondrial.

Au fond, je m'en contrefous de ce voyage en Espagne. Pour sûr, j'aurais adoré y aller. Voir une grande partie de la France à travers des paysages que je ne connais pas. M'échapper. De ce et ceux que je connais trop. J'aurais aimé pouvoir revenir avec un oeil neuf, une vision nouvelle des choses. Voir de nouvelles personnes, des gens différents de ceux que je cotoie chaque jours. Me précipiter, la tête la première, dans ces contacts humains inédits. En somme, aller me frotter au dépaysement total. Changer d'air. Au propre comme au figuré. Troqué l'air de ma campagne contre celui de Barcelone. Troqué ma petite vie monotone pour la musique, les musées, les églises de là-bas. Quelques jours. C'est tout ce que je voulais. Quelques jours, voir comment c'est, ailleurs. Voir du Monde. Les voyages forgent la jeunesse. Je ne voyage presque pas, sauf dans des endroits que je connais déjà, mais ce n'est plus un voyage lorsque l'on se rend dans un lieu que l'on connait déjà. Est-ce que cela signifie que je suis âgée? Parfois, j'ai bien peur que oui. Dans mon cœur. Il est tellement amer que la vieillesse le prend plus vite que le reste de mon corps. Je suis âgée dans ma tête aussi. "Trop blasée des histoires qui ne sonnent jamais vraiment."
L'Espagne, je la verrai. Tôt ou tard. Cela m'est bien égal. Mais. C'est le geste qui me tue. Cette innocence feinte alors que j'ai eu si honte. Honte d'avoir déçue une femme que je respecte énormément. J'aurais du m'en douter pourtant. C'est chaque fois la même chose. Chaque fois. Des années que ça dure. Rien ne change. La nature humaine est perfide. J'ai perdu la foi. Et je ferme les yeux. Je pense à tout cela... Que je suis naïve. Je me fais duper à  chaque fois. La coquille que je pense m'être faite est en réalité si frêle.

Je me regarde dans le miroir. Je m'enlaidis à chaque fois un peu plus. A chaque nouveau coup qu'elle me porte. Je vois ma bouche. Moins rose. Déformée chaque fois un peu plus par la douleur. Mes joues, un peu plus creuses de coup en coup. Mes paumettes. Les mêmes. Mais un peu plus saillantes. Mon front. S'allonge au fur et à mesure qu'il se dégarni. Mes cheveux. Je les aimais tant. Mais. Ils tombent par poignées. Mon teint. Pâle. Pâle. D'une pâleur cadavérique. Presque translucide. Mais, le pire, dans toute cette histoire. Ce sont mes yeux. Verts. Ils étaient verts. Avant.


J'ai hurlé. Fort. Très fort. Si fort. Plus fort que jamais. Je n'avais, jusqu'ici, jamais hurlé de cette manière. Mais je n'ai même pas craché le quart de ce que j'avais, là, à l'intérieur. Et pourtant. C'est comme si tous mes organes allaient sortir de moi.  Et je criais. Ça semblait sortir. Ça voulait sortir. Mais je n'ai pas pu tout expliquer. Tout dire. Tout cracher. Mon venin. 

Mardi 5 janvier 2010 à 22:52

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